ÉCOLE MATERNELLE RUE DE L'OUEST

© CAUE de Paris

1. Observer et cartographier les fréquentations et usages actuels

La démarche de co-conception a débuté par un temps d'observation quantitatif et sociologique les 15 et 23 novembre 2021. Le but était de cartographier les équipements actuels et les zones de fréquentations, de recenser les usages habituels et inattendus et de dresser des profils types.

Ces observations concernent 2 blocs sanitaires, celui de la cour et celui du rez-de-chaussée, tous les 2 beaucoup utilisés par les enfants durant la récré et la pause méridienne. Les 2 autres espaces d'hygiène, le plus petit du rez-de-chaussée et celui de l'étage pour les petites sections, sont majoritairement utilisés sur le temps de classe, donc plus difficilement observables sur un temps condensé.

2. Comprendre et énoncer les besoins et les envies

En parallèle des observations, des entretiens d'une vingtaine de minutes ont été réalisés avec les usagers adultes : direction, REV, animateurs, agents etc. Le but était de comprendre le fonctionnement et les problèmes actuels pour ainsi identifier les changements à opérer. 

La parole des adultes s'est ainsi libérée sur un sujet habituellement peu abordé mais qui rassemble en réalité de nombreux enjeux : le respect du bien être et de l'intimité des enfants, l'autonomie et la responsabilisation au moment du change, les notions de propreté et d'hygiène corporel chez les petits etc.

3. Sensibiliser et co-concevoir avec les enfants

Les ateliers de co-conception se sont déroulés avec trois classes différentes, sur le temps scolaire, entre mi-novembre 2021 et début février 2022. Un atelier fut finalisé sur le temps périscolaire en TAP. Ils ont concerné au total une cinquantaine d'enfants, encadrés par les enseignantes, animatrices et architectes du CAUE de Paris.

Le premier atelier du 23 novembre avec la classe de petite et grande sections mélangées a donné la parole aux enfants à l'aide de post-it de couleurs et de pictogrammes thématisés. Les enfants étaient amenés à s'exprimer à l'oral devant les autres sur ce qu'ils aimaient, n'aimaient pas ou souhaiteraient dans le futur projet. Un adulte animait le débat pendant qu'un second notait leurs idées sur les post-it correspondant. Dans un second temps, chaque enfant de grande section a réalisé le dessin de sa cabine rêvée, qu'un adulte a annoté pour la compréhension.

Le second atelier réalisé mi-janvier avec une autre classe de grande et moyenne sections a introduit des notions d'ergonomie et de dimensionnement grâce à la manipulation de différentes textures et objets. Ils ont ainsi identifié ce qui est doux ou rugueux pour s'essuyer, trop haut ou trop bas pour s'asseoir et adapté à leur taille et force pour attraper le papier et appuyer sur les boutons poussoirs. En fin d'atelier, ils ont aussi questionné le cloisonnement en préfigurant l'existence et la hauteur de petits murs ou portes pour plus d'intimité.

Enfin, le dernier atelier, réalisé mi-janvier, avec une autre classe de moyenne et grande sections, a permis à chaque enfant de construire la maquette de sa cabine rêvée. Chaque enfant a choisi la hauteur de sa cuvette, les couleurs de la lunette et les matériaux des murs, sol et plafond. Au cours d'un second atelier en TAP, début février, ils ont complété leurs maquettes avec des équipements tels que la chasse d'eau, le dérivoir de papier, la brosse, mais aussi les lumières, les étagères, les porte-manteaux, les plantes et évidemment les cloisonnettes entre chaque cuvette. 

4. Concerter les adultes de l'école

Le mardi 1er février 2022, le CAUE de Paris a rencontré en petit comité la directrice avec les enseignantes sur la pause méridienne, la REV et quelques animatrices avant les TAP et la gardienne en milieu d'après-midi. Ces moments d'échanges ont permis de restituer les premiers enjeux relevés durant les observations et les ateliers avec les enfants. Par exemple, afin de préserver l'intimité des enfants, le cloisonnement et la suppression des urinoirs ont été évoqués. Il a semblé également nécessaire d'adapter le dimensionnement et la manipulation des différents équipements afin de rendre les enfants plus autonomes. Les adultes ont pu rebondir sur leurs ressentis, les questions d'ergonomie et de surveillance de ces espaces d'hygiène.

En parallèle, dès la fin novembre 2021, les services de la Ville de Paris ont été concertés sur les enjeux financiers, calendaires et techniques. Lors d'une visite de l'école, le mercredi 9 février 2022, en présence des médecins scolaires du quartier, le manque d'intimité a été mis en évidence et donc la nécessité de cloisonner et supprimer les urinoirs.

Début mars, lors du conseil d'école, avec les parents connectés en visio, la directrice et le CAUE de Paris ont présenté la démarche et les premières interrogations soulevées, ainsi que l'idée d'un jour de test afin de préfigurer la suppression des urinoirs avec une sensibilisation à la posture et la propreté de la cuvette.

5. Préfigurer la suppression des urinoirs

Suite au retour positif des parents d'élèves, le jeudi 17 mars 2022, le CAUE de Paris a comdamné les urinoirs avec du scotch et collé des stickers au fond des cuvettes pour apprendre aux enfants à viser de manière ludique. Afin d'accompagner cette préfiguration, une sensibilisation d'une trentaine de minutes dans chaque classe de l'école a permis d'expliquer les raisons et consignes de ce test. Elle était accompagnée d'une visite des toilettes avec les enfants. Ces moments d'échanges ont permis de recueillir leurs ressentis et leurs appréhensions sur les enjeux de posture et de propreté de la cuvette. 

Ce test avait pour but de préfigurer un bloc sanitaire sans urinoirs afin d'observer les comportements des enfants, la posture des garçons et l'impact sur la propreté du lieu, avant de décider de leur suppression ou non dans le futur projet. Que ce soit les enfants ou les adultes, enseignantes, animatrices comme agentes, cette journée a bien été accueillie.