RÉPÉTITIONS GÉNÉRALES

ET SI PARIS RÉPÉTAIT LES CHOCS ET LES CRISES POUR MIEUX LES PRÉPARER ?

En 2050, Paris fait face à une variété de crises plus diverses et rapprochées : évènements climatiques, déclin de la biodiversité, mouvements sociaux, pandémies... La Ville avait anticipé et préparé la survenue de dérèglements en lien avec les perturbations climatiques et environnementales, mais ne s’attendait pas à une telle accélération de ces crises souvent complexes et combinatoires.

© CAUE de Paris - Jean-Baptiste Vicquelin

Pour habituer les Parisien·ne·s à ce quotidien dans lequel la situation de crise et d’entre-deux crises pourrait devenir une nouvelle normalité, la Ville de Paris s’est appuyée sur un outil de politique publique aussi créatif qu’inattendu : la mise en scène.

Le territoire parisien devient un gigantesque théâtre de « répétitions aux crises » pour aider chacun·e à trouver et à répéter les actions à jouer lors des crises. Sur une base régulière, on simule des catastrophes de grande ampleur à l’échelle de la ville : crue de Seine, sécheresse, canicule, incendie, inondation, tempête, cyber attaque… tout en accompagnant les individus et les collectifs dans leurs stratégies de réponse et d’adaptation.

Ces répétitions ludiques visent à renforcer l’acclimatation aux crises pour désamorcer leur caractère anxiogène et permettent que chacun·s’améliore au fil du temps. Exploiter les ressorts de l’événementiel sert aussi à embarquer les habitants afin que tout le monde puisse se prêter à l’anticipation.

Paris se peuple d’éléments de décor qui brouillent la frontière entre réalité et fiction pour garantir la dimension immersive de ces répétitions. Les outils numériques sont également mobilisés pour renforcer la coopération entre acteurs et l’illusion de la crise : communiqués fictionnels sur les réseaux sociaux, alertes diffusées sur les supports numériques de l’espace urbain, ambiances sonores dans la ville, applications de suivi des événements.

Selon les résultats de la simulation, on décide ou non de pérenniser certains décors, services et rôles fictionnels dans Paris. Cet ancrage de la fiction dans le réel transforme la capitale qui se peuple de toutes ces choses qui ont aidé les habitant·es à trouver les meilleures réponses collectives pour gérer la crise et vivre l’immédiat après-crise. Les Parisien·ne·s s’appuient sur les spécificités de leurs lieux de vie - localisation, topographie, ressources, acteurs locaux, etc., pour en faire des bastions de résilience.

En 2050, après les premières années d’expérimentation, des transformations urbaines reflètent ces stratégies adoptées à l’échelle des quartiers et des arrondissements.

Cette politique du « théâtre des crises » permet de renforcer la confiance des Parisien·ne·s, en eux-mêmes et dans le futur pour vivre les crises sur un mode plus optimiste, ludique et proactif.

▌FRAGMENTS ISSUS DE CE FUTUR

La signalétique ludique de crise
Cette nouvelle signalétique (panneaux, marquages, cartographies) s’enracine dans les rues de Paris et les usages numériques pour signaler les mutations du territoire au fil des simulations de crises : réseaux d’entraide, zones de ressources, mobilier de protection, zones de repli… en mobilisant les codes et ressorts du jeu.
Par exemple, la colonne de Juillet de la place de la Bastille a été transformée en jauge de progression, le temps d’une crise scénarisée, pour signaler visuellement le niveau de résilience des infrastructures parisiennes.

Le réseau des caves & balcons solidaires
Lors d’une répétition générale de canicule, le quartier de la Butte aux Cailles a fait éclore une initiative d’entraide pour permettre l’accès aux espaces de fraîcheur à un maximum d’habitant·es du quartier. Les participant·es disposant d’une cave, de balcons ou de jardins dans leur logement procèdent à leur aménagement, de manière à accueillir à la journée des personnes fragiles dans ces micro-espaces à la lisière entre l’habitat et l’extérieur. Une manière de tisser du lien entre voisins tout en veillant les uns sur les autres pour pouvoir donner l’alerte en cas de problème.

Le rôle de comédien·ne faune/flore
Les répétitions de crises visent à renforcer l’anticipation et la résilience pour l’ensemble du vivant parisien, faune et flore incluses. En s’aidant d’une fiche de rôle écrite par des éthologues et autres spécialistes de la biodiversité, les Parisien·ne·s volontaires se mettent dans la peau de telle ou telle espèce et « jouent son rôle » pendant toute la durée de la simulation. Costumé·e de manière à signaler aux autres l’espèce incarnée, le comédien·ne se comporte comme le ferait l’animal ou le végétal en question, pour mieux le comprendre et rendre visible ses besoins afin de les défendre le moment venu.

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INFORMATIONS

SÉLECTION DE TENDANCES ET SIGNAUX
Sources d’inspiration dans le présent pour ce futur...
 

→ La résilience urbaine, c’est la capacité des personnes, communautés, institutions, entreprises et systèmes au sein d’un territoire urbain à faire preuve de solidarité, en s’appuyant sur la mobilisation citoyenne, pour mieux vivre, s’adapter et se transformer face aux chocs subis. Le but : réduire les stress dus à des changements irréversibles qui, pour certains, sont imprévisibles. Lien

 

→ Les évènements extrêmes concernent désormais tous les territoires, leur intensité est de plus en plus forte et leurs conséquences de plus en plus importantes. Lien

 

L’objectif fixé par la Ville de Paris est qu’en 2030, 90 % des Parisien·nes soient formé·es aux gestes qui sauvent et aux bons comportements à adopter face aux risques. Lien

 

En Nouvelle-Zélande, le « ShakeOut » est un exercice annuel de prévention des séismes et des tsunamis qui a associé 680 000 personnes soit 15 % de la population en 2020. Lien

 

 L’association Hackers Against Natural Disasters (HAND) développe des outils numériques pour préparer les populations aux risques cycliques des catastrophes naturelles. Lien

 

→ L’« urbanisme tactique » désigne un urbanisme citoyen, participatif et éphémère, porté par des habitants, des communautés, des militants ou des collectivités locales, qui mobilise souvent les ressorts de l’art et de l’évènementiel. Par exemple, pendant la crise sanitaire liée au Covid-19, des pistes cyclables (« coronapistes ») ont été déployées en un temps record dans les villes, des rues fermées à la circulation, des terrasses posées sur la bande de stationnement… Certains de ces aménagements ont ensuite été pérennisés. Lien

 

Depuis le début de la crise du Covid-19, des études ont souligné le rôle clé du parc d’habitat social pour permettre aux travailleurs essentiels de se maintenir au cœur des métropoles, notamment dans le Grand Paris. Lien

 

Texte d'inspiration proposé par le studio Design Friction pour nourrir la démarche de prospective créative « Vers Paris 2050, affronter ensemble les défis de notre siècle ». Ce texte imagine un futur possible pour Paris à l’horizon 2050, selon l’impact des différents chocs qui pourraient survenir (changements climatiques et catastrophes naturelles, crise de la biodiversité, raréfaction des ressources, etc...). Il vise à inspirer les contributeurs de la démarche et à nourrir les débats.

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