LES DEUX THÉÂTRES

Situé au centre de Paris et en bord de Seine, le site des deux théâtres se caractérise par des flux de circulation importants et une vie culturelle dynamique de jour comme de nuit. Il est situé au cœur du réseau parisien de transports en commun.

Il occupe l’emplacement de l’ancienne forteresse du Grand Châtelet, à la fois prison et morgue, détruite en 1802 pour être remplacée par l’actuelle place du Châtelet. Il connaît de nombreuses modifications lors des travaux de modernisation de Paris menés par Haussmann : agrandissement de la place, construction de l’actuel pont au Change (qui relie la place à l’île de la Cité) et des deux théâtres du Châtelet et de la Ville (initialement appelés Théâtre impérial du Châtelet et nouveau Théâtre lyrique).

Ceux-ci sont érigés de part et d’autre de la place, pour remplacer les petits théâtres populaires du boulevard du Temple. Ils sont tous les deux conçus par le même architecte, Gabriel Davioud, avec une organisation et des façades très similaires, inspirées de la Renaissance italienne. Le théâtre du Châtelet est toutefois plus grand (capacité d’accueil de 3000 places) et comprend d’autres locaux (appartements, hôtel, commerces) au sein-même de son îlot. Il est à l’origine dédié aux représentations théâtrales à grand spectacle, quand le théâtre de la Ville, de dimension plus modeste (1000 places environ) se destine à l’opéra. Celui-ci est incendié en 1871 et reconstruit par la Ville, puis en 1898, la comédienne Sarah Bernhardt en obtient le bail et donne son nom au théâtre. 

En 1966, la Ville de Paris entreprend une importante restructuration du théâtre de la Ville et reconstruit la totalité de l’espace intérieur (ne sont conservés que les murs, le toit et la façade) sur les plans de Valentin Fabre et Jean Perrottet, avec notamment l’installation d’une structure moderne en gradins. Ainsi, contrairement au théâtre du Châtelet, la salle à l’italienne d’origine du théâtre de la Ville disparaît et sa programmation se réoriente, en particulier vers la danse contemporaine et les musiques du monde. Quant au théâtre du Châtelet, dont la direction est reprise par la Ville en 1979, il est modernisé dans les années 1980 et accueille désormais opéras, comédies musicales, ballets, concerts, et cérémonies de remise des Césars. Les deux théâtres accueillent des commerces et des cafés en rez-de-chaussée, comme à l’origine. 

Ils font tous deux l’objet d’une nouvelle période de travaux de restructuration en 2016-2017, menée par Philippe Pumain pour le théâtre Châtelet et l’agence Blond&Roux pour le théâtre de la Ville qui, encore en travaux aujourd’hui, maintient des spectacles hors les murs dans ses annexes des Abbesses et de l’espace Cardin. 

Outre la présence des deux théâtres, la place du Châtelet se caractérise par sa situation particulière de carrefour au centre de Paris, à la croisée des axes nord-sud et est-ouest, autrefois traversée par les tramways hippomobiles et électriques, et aujourd’hui par plusieurs lignes de métros, RER et bus. 

C’est également un site en lien avec la Seine, via le pont au Change et les quais de la voie Georges Pompidou, voie rapide aménagée sur les berges basses du fleuve en 1967 et désormais rue piétonne intégrée au parc Rives-de-Seine. Aujourd’hui, les quais de la place du Châtelet sont donc partagés entre voies hautes au trafic routier important et voies basses piétonnes, où l’on peut trouver un bar et une boutique, des assises et agrès sportifs, des WC publics et, à l’arrivée des beaux jours, les installations du programme Paris Plage.

▌ENJEUX MAJEURS

→ Comment imaginer le futur de ces deux grands monuments parisiens et celui de leur programmation culturelle, à l’aune des crises environnementales et sociales possibles à l’horizon 2050 ? Comment les changements de mode de vie des Parisiens peuvent-ils transformer - plus ou moins radicalement - ces édifices emblématiques et révéler leur potentiel d’adaptation ? 

→ La place du Châtelet est un nœud de communication important et stratégique, au croisement des axes nord-sud et est-ouest et de la majorité des lignes de transports en commun : comment repenser cette place publique centrale, les flux qui s’y croisent, et le rapport très routier qu’elle entretient avec le pont au Change ?

→ Requestionner le rapport qu’entretient la ville avec la Seine et ses abords :

- Quels liens, aujourd’hui limités, pourraient être crées entre les bâtiments, les quais et le fleuve ?  
- Comment reconsidérer la Seine, son emprise et ses berges face aux épisodes de crue et de sécheresse à venir ? 
- Quels nouveaux usages pourrait-on développer autour de la Seine pour rendre Paris plus résiliente ? mobilités, activités artisanales, sports et loisirs, espaces de biodiversité...
- Comment anticiper les conséquences d’une crue majeure sur la ville, les activités et les bâtiments existants, et comment réduire leur vulnérabilité face aux aléas ?